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Colorado en BIG 12 : la PAC-12 chute de sa tour d'ivoire

Deion Sanders est le nouveau coach de Colorado

Comme pour les départs d’Oklahoma et Texas en SEC ainsi qu’USC et UCLA en BIG TEN, celui de Colorado en provenance de la PAC-12 pour la BIG 12 a été l’affaire de quelques heures. La fac’ de Boulder retrouvera en 2024, 13 ans après l’avoir quitté, la BIG 12. Ce mouvement confirme une nouvelle fois qu’en College Football ceux qui survivent sont ceux qui agissent et anticipent. Il est alors difficile de ne pas incriminer l’attitude de la PAC-12 tant sa suffisance et son apathie semblent l’avoir relégué au statut de conférence quasi-morte. Voici quelques réflexions. 

Ce mercredi 26 juillet, Pete Thamel lâchait sa “Pete Bomb” : Colorado et la BIG 12 organisaient chacun une réunion pour discuter d’une arrivée en BIG 12. Le lendemain, les deux parties approuvaient ce mouvement. Il ne restait plus qu’à le finaliser. Chose désormais faite, Colorado est la dernière université en date à opérer un changement de conférence depuis 2021 après Texas et Oklahoma pour la SEC ; USC et UCLA pour la BIG TEN ; UCF, Cincinnati, BYU et Houston pour la BIG 12 ; Charlotte, FAU, UAB, North Texas, Rice et UTSA pour l’AAC ; James Madison, Southern Miss, Old Dominion et Marshall pour la Sun Belt ; Jacksonville State, Liberty, New Mexico State, Kennesaw State et Sam Houston pour la C-USA. 

Colorado arrive en terrain connu puisque que la BIG 12 fut sa maison entre 1996 et 2010. 

Une humiliation pour la PAC-12

La perte de Colorado constitue une humiliation à plusieurs égards. 

C’est un rapide retour de bâton au déni affiché par George Kliavkoff, le commissionnaire de la PAC-12, qui, il y a encore quelques jours, aux media days de la PAC-12, déclarait : “[Le réalignement] n’est pas un problème. Nos écoles sont engagées les unes envers les autres ainsi qu’envers la PAC-12. Une fois que notre prochain contrat TV sera annoncé, je pense que le réalignement actuel touchera à sa fin”. Paye ton optimisme. Le départ de Colorado a rapproché la PAC-12 de sa mort. Et les choses ne vont pas en s’améliorant puisque le contrat TV promis n’arrive toujours pas. Qui sera prêt à payer pour les droits d’une conférence dont les membres partent ou cherchent à partir ? De même, les universités tentées par un départ attendront-elles de connaître le montant du prochain contrat TV pour le comparer avec celui de la BIG 12 ? En voilà une situation délicate. 

Elle est également humiliante en ce que la PAC-12 est ébranlée par le départ d’un programme dont l’importance en son sein est, au mieux, secondaire… quand bien même Deion Sanders en est le nouvel entraineur en chef. Sportivement, et depuis son arrivée en 2011, Colorado a toujours été le parent pauvre de la conférence (le récent succès d’Oregon State les sort de la conversation) avec seulement deux petites qualifications en bowl. Avec un bilan de conférence (27-26) à peine positif sur la période, c’est bien Colorado qui aura fait chuter la PAC-12, considérant qu’elle n’en se relèvera pas. La PAC-12 peut tout à fait survivre sans les Buffaloes. Leur départ est préjudiciable parce qu’il en amène d’autres qui porteraient le coup de grâce. En effet, il est fait état que la BIG 12 souhaiterait encore accueillir au moins une équipe. Il parait alors naturel, toujours dans la même optique que Colorado, qu’un membre de la PAC-12 cherche à se protéger en allant chercher de la stabilité en BIG 12. Les facs du sud de la PAC-12 sont en pôle position : Utah, Arizona et Arizona State. 

Alors, comment expliquer la situation de la PAC-12 alors qu’elle était, lors du réalignement du début de la décennie 2010, en position de force ? La réponse est simple : son apathie. 

L’éloge du dynamisme

Début de la décennie 2010, la PAC-10 est à la recherche de nouvelles écoles. À cette époque, la BIG TEN avait annoncé vouloir trouver de nouveaux membres afin de créer une finale de conférence et, donc, augmenter ses droits TV. La PAC-10 a suivi la même logique en envoyant des invitations à 6 programmes : Texas, Oklahoma, Texas A&M, Texas Tech, Oklahoma State et Colorado. La PAC-10 a d’abord essuyé le refus de Texas, puis d’Oklahoma, Texas A&M, Texas Tech et Oklahoma State. Il existe un imbroglio autour des raisons pour lesquelles ça ne s’est pas fait. De ce que l’on sait, des désaccords existaient entre les Longhorns et la PAC-12 quant à la place que prendrait le Longhorns Network (300 millions sur 20 ans, avec ESPN), tout juste crée en janvier 2011, dans le nouveau deal TV de la PAC-12 (voir plus bas). La PAC-10 ne voulait faire venir Oklahoma et consorts qu’avec Texas (alors que les Sooners semblaient favorables à un mouvement). C’est pour cette raison qu’Utah, en provenance de la Mountain West, et Colorado, qui était alors en BIG-12, ont intégré la conférence pour atteindre les 12 membres. La PAC-12 était alors née. Qu’importe la véritable raison, il était donc question d’un refus de la PAC-10, et non de celui des programmes invités, de les accueillir. 

Larry Scott (le commissionnaire de la PAC-10) avait déclaré : « Nous aurions pu nous développer, mais l’accord n’avait aucun sens en fin de compte pour nous, surtout compte tenu de la position dans laquelle nous nous trouvons”. Quatre mois auparavant, la PAC-12 avait signé avec ESPN et FOX le contrat TV le plus lucratif du pays : $2.7 milliards sur 12 ans, soit $225 millions par an, de 2012 à 2024. Une somme bien supérieure au contrat TV de la BIG 12 à cette époque. Il se disait d’ailleurs à Oklahoma (pour se justifier ?) que la proximité avec la PAC-10 servait de levier pour forcer la BIG 12 et ses diffuseurs à faire monter le prochain contrat TV. Ce dernier fut signé le 10 septembre 2012 pour un montant de $2.6 milliards sur 13 ans. En sus de ce juteux contrat, la PAC-10 était sportivement à son apogée avec notamment les très belles années d’USC (champion national en 2004, finaliste en 2005) et Oregon (finaliste en 2010). 

L’heure n’était donc pas à l’expansion malgré l’intérêt de gros programmes dont deux blue bloods (Texas et Oklahoma). Scott déclara également : « Il y a une barre très haute. Il est difficile d’imaginer de très nombreux scénarios pour que notre conférence se développe car la barre est si haute”. Il semblerait alors qu’Oklahoma, Texas, Oklahoma State et Texas Tech n’atteignaient pas cette fameuse barre à l’époque. Une déclaration qui, aujourd’hui, nous fait bien sourire (et pleurer les fans de PAC-12) tant la situation s’est retournée contre la conférence. D’autant plus qu’il existait de vrais pourparlers avec ces programmes malgré leurs désaccords (en réalité seulement Texas). La PAC-10 a clairement manqué de volonté politique. 

Ajoutons également qu’en 2012, Boise State et San Diego State lorgnaient déjà sur la nouvelle PAC-12. Larry Scott les avait une nouvelle fois refusé. C’est dire qu’il était compliqué pour les meilleures universités académiques du pays (USC, UCLA, Cal et Stanford) de consentir à accueillir ces deux mauvais élèves. Certes, le prestige était maintenu… mais à quel prix ? 

Alors, faut-il blâmer le PAC-12 ? En fier défenseur de la géographie du College Football, le “non” coule de source. Du moins, pour un fan borné comme moi dont la conception de ce sport diffère de celle des acteurs. Le refus de les accueillir préservait, outre un certain équilibre des forces sur la scène nationale, la cohérence géographique des conférences. Seulement, un commissionnaire n’est pas payé pour cela. Il est payé pour permettre à sa conférence de prospérer, qu’importe si cela remet en cause 150 ans de College Football. Depuis les désertions de Texas, Oklahoma, USC et UCLA de leurs conférences respectives, on constate que les considérations géographiques ne font plus parties de leurs premières préoccupations. C’est à la lumière de cet argument qu’il faut condamner l’apathie de la PAC-12 qui, par confort et suffisance, s’est contenté de son niveau sans admettre qu’elle ne le conserverait pas éternellement. 

Nous sommes aujourd’hui à l’ère du pragmatisme et de la survie (quel truisme !). La PAC-10 aurait du profiter d’une occasion qui ne se présente qu’une fois pour asseoir sa domination et ne pas subir 10 ans après les conséquences de ce refus. Certes, on ne peut pas prédire l’avenir mais on peut l’anticiper. C’est pourquoi les commissionnaires et les directeurs athlétiques existent. Leur but étant de rendre pérenne leur conférence/programme sur le long terme, un enjeu qui a été compris par ceux de Texas et Oklahoma, puis de la BIG 10. 

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